Commerçants et habitants excédés par les travaux qui durent depuis trois ans
Lancé en 2020, le chantier Cœur de Ville a pour ambition de moderniser le centre-ville de Vernon (Eure). Trois ans plus tard, commerçants et habitants commencent à perdre patience
Des petits trous, encore des petits trous. Démarré en 2020, le chantier Cœur de ville avait pour ambition de redonner un nouveau souffle au centre-ville de Vernon (Eure).
Trois ans plus tard, au vu de son ampleur, il semble plutôt étouffer une partie de la population, notamment les commerçants.
« On le sent clairement dans nos chiffres. Nos clients nous disent texto qu’ils ne viennent plus à Vernon, qu’ils en ont marre de ne plus pouvoir circuler et qu’ils préfèrent aller à Saint-Marcel. »
Un constat partagé par une passante : « Regardez, les commerces ferment les uns après les autres car il est plus simple de se garer gratuitement chez Leclerc ou à Saint-Marcel. Le futur Village des marques à Douains ne va rien arranger. »
Justement, dans la rue Carnot, la gérante de la Tricoterie a d’ores et déjà jeté l’éponge.
Sur les vitrines de sa boutique, elle a exposé, en guise d’adieu, les raisons de son départ.
Si l’histoire avait bien commencé pour elle, le confinement, la bâtisse en état de péril, se situant juste en face de sa boutique, l’inflation et enfin les travaux ont eu raison de sa motivation. En face, une autre boutique, un fleuriste, a elle aussi baissé le rideau.
Depuis le commencement du chantier Cœur de Ville, la rue Carnot n’est plus accessible en voiture ce qui a eu un impact sur la fréquentation. Sans parler de cette maison tenue par des étais, qui désolent les commerçants.
« Si on ne fait rien pour cette rue, elle va crever !»
« Si on ne fait rien pour cette rue, elle va crever ! », alerte un commerçant, estimant en plus de cela que « le dialogue avec la municipalité est devenu impossible ».
Conscients des dérangements que ce chantier peut causer, la mairie a décidé, lors du dernier conseil municipal, de verser des indemnités aux commerçants les plus impactés.
Interpellé par une élue d’opposition, le maire François Ouzilleau a rappelé que « la population s’est majoritairement prononcée » pour ce projet qui avait été soumis au vote dans le cadre d’une consultation citoyenne.
Seulement 20 % des électeurs se sont prononcés
Or, cette dernière n’a pas mobilisé les foules. Au second tour, seulement 20,54 % des électeurs inscrits ont participé au vote ce qui revient à 3 176 personnes sur 15 461 inscrits.
Le premier tour affichait également un taux de participation faible. Une large partie des électeurs ne s’est donc pas prononcée sur ces travaux.
Daniel, 84 ans, a lui participé au vote, pourtant aujourd’hui, il porte un avis critique sur ce chantier :
« La municipalité a beau dire que les Vernonnais ont accepté les propositions qui ont été faites, je ne sais pas s’ils s’étaient bien rendu compte de l’ampleur et des inconvénients que ça allait générer. »
Même son de cloche du côté de Jérôme : « On a accepté les travaux, d’accord, mais il faut faire les choses correctement : on attaque les travaux à un endroit et on les finit à cet endroit… »
En effet, une partie des Vernonnais interrogés déplorent la multiplication des travaux dans le centre-ville.
À l’heure actuelle, les opérations sont concentrées autour de la mairie, de la rue Sainte-Geneviève et de l‘avenue de Paris ce qui complique la circulation pendant les heures de pointe.
Face à ce mécontentement, Jérôme Grenier, premier adjoint en charge des ressources et du développement urbain, assurait dans un entretien en février concernant les travaux : « En 2023, on aura bouclé 80 % des travaux de l’hypercentre. »
En attendant, certains préfèrent se dire que les travaux sont un mal nécessaire :
« Ça fait 34 ans que je suis installée, Vernon a toujours été pour moi une ville jolie et accueillante, mais elle avait besoin d’un renouveau. Les travaux, ce n’est jamais agréable à vivre, mais il faut accepter de souffrir un peu pour que la ville se renouvelle. Le seul reproche que je puisse faire, c’est qu’au lieu de réaliser les travaux quartier par quartier, ils ont attaqué un peu partout. »
Des travaux jusqu’à fin 2025
Pour d’autres, c’est l’occasion de laisser la voiture au garage et « d’utiliser ses jambes ».
« Je pense que toutes les villes ont besoin d’être modifiées, ne serait-ce qu’au niveau des rues, des canalisations d’eau, de gaz, alors ça ne me choque pas. On est tellement habitués à prendre notre voiture, mais on a des jambes, on peut marcher », admet Sandy, vernonnaise de 31 ans.
Pour ou contre ce chantier, les Vernonnais vont devoir prendre leur mal en patience car selon la communication de la mairie de Vernon, l’opération devrait s’étendre jusqu’en octobre 2025, soit quelques mois avant les élections municipales.